Collonge-la-Madeleine

Roland Niaux

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COLLONGE-la-MADELEINE

Ruines d'Alibour (dénomination IGN)

71.18.140

Situation

Arrondissement = Autun

Canton = Epinac

Carte IGN au 1/25000e = 2925 Est - Nolay

Coordonnées Lambert = 766,27/32 - 217,18/22 alt.385

Cadastre 1844 = C2 n 196 " Emplacement et vestige du Château d'Alibourg"

Cadastre rénové, édition 1986 C1 n°8 (alentour 7 et 9) "Moulin de Collonge"

Diocèse = Autun

Ancien archiprêtré - Couches

Paroisse = Avant la Révolution, Collonge-la-Madeleine était une annexe de Saisy. Devenue chapelle vicariale avec desservant en 1847, Morlet lui ayant été adjoint par ordonnance épiscopale du 18 août 1853, Collonge fut érigée en succursale en 1855. Elle n'a donc jamais été paroisse. Par ailleurs. Collonge-la-Madeleine n'est commune que depuis la Révolution.

L'église de Collonge, dont le chœur remonte au XIIe siècle, est sous le vocable de St. Barthélémy. Aucune église dédiée à St. Barthélémy ou à Ste. Madeleine n'est citée dans l'archiprêtré de Couches (sauf le prieuré Ste. Madeleine de Montartaux) au plus ancien pouillé complet du diocèse d'Autun, datant du XIVe siècle (de Charmasse, Cartulaire de l'Evêché d'Autun) ce qui laisse supposer que l'église, existant au XIIe siècle, était chapelle castrale. La topographie des lieux ne contredit pas cette hypothèse et il est fort possible qu'il y ait eu deux châteaux sur les terres de Collonge, celui d'Alibour, et un autre, au bourg. Les titres ne permettent pas de faire une distinction. Pour ce qui est du site d'Alibour, la motte est à 750 mètres au sud de l'église, dans un bas-fond, au confluent de deux ruisseaux dont le cours réuni se dirige à l'ouest vers le ruisseau de Digoine, affluent de la Drée.

Toponymie

Alibourg ou Alibour est le nom, déformé, de la famille Ailleboust qui tint le fief au XVIe siècle et donna quelques personnages notables en leur temps : Pierre Ailleboust, médecin du roi François 1er ; l'un de ses fils, Charles, évêque d'Autun de 1574 à 1585.

Vestiges

Le site se présente sous la forme d'une motte très bombée dont le sommet surplombe d'une dizaine de mètres les sols voisins. En plan, les côtés nord, est et sud sont droits, avec des angles NE et SE très arrondis ; le côté ouest forme une demi-circonférence. Il ne faut cependant pas trop s'arrêter à ces formes actuelles qui ont été produites par l'effondrement des constructions et l'érosion des parois. Les dimensions intérieures, au centre, sont approximativement de 44 mètres d'est en ouest et de 35m du nord au sud. Les murs ruinés forment encore un bourrelet de pierres couvertes de mousse sur tout le pourtour. On voit même une petite élévation de 2m de large et 1m de haut vers l'angle sud-est. Les fossés, partiellement comblés, se trouvent à mi-pente du terrain naturel sur toute la moitié ouest de la motte. Ils font environ 5m de largeur dans leur dimension actuelle probablement très inférieure à celle d'origine. Une description du site par M. Gossot, géomètre-architecte à Couches, a été publiée dans les comptes rendus du Congrès Scientifique de France tenu à Autun en 1876 : « Près d'un étang au sud-ouest du moulin se trouve un petit bois dit "Bois Rondot". C'est l'emplacement d'un vieux château désigné dans les titres anciens sous le nom de "château d'Alibour". D'énormes murgers accusent des vestiges de murs. Un large fossé, dont le fond présente un sol noir et vaseux, indique que cette demeure était entourée d'eau. En 1855, je fis creuser dans ce fossé et j'y trouvai les débris d'une fermeture de coffre en cuivre doré et plusieurs fragments de carreaux émaillés jaunes sur fond rouge. Le dessin représente une chasse au cerf entouré d'une légende en caractères gothiques tellement fruste qu'il m'a été impossible de la déchiffrer. Dans le talus du fossé, j'ai retrouvé la porte d'entrée du château. Elle avait 1m50 de largeur. Les pierres de taille des montants étaient en place sur une hauteur de 1m. On y remarquait deux gonds longs de 0m20 environ. Le propriétaire de ces ruines a, depuis peu, enlevé la taille pour la placer dans une construction voisine. Le seuil usé par le passage des roues est encore en place... »

L'environnement archéologique est riche. Le moulin de Collonge, voisin de la motte, est abandonné et se ruine peu à peu. Plusieurs habitats gallo-romains ont été identifiés sur la commune de Collonge. Une hache à ailerons, datant du bronze final, a été trouvée en 1887 dans une carrière proche des ruines d'Alibour.

Datation

La plus ancienne mention de Collonge remonte à 1343, lorsqu' "Isabelle de Montanteaulme, femme de Jean Raffin, chevalier, assigne aux religieux du Val-St-Benoît une rente sur les terres Collonge et de Fretoy pour son anniversaire" (P. Muguet, le Prieuré du Val-St-Benoît). Il n'est toutefois pas précisé si - outre des terres - cette dame possédait également une maison seigneuriale ou un château à Collonge.

En 1474, dans les déclarations de tenant fiefs des bailliages d'Autun et Montcenis, on constate que la seigneurie de Collonge-la-Madeleine est partagée :

- "Noble dame Marie de Crosey et noble seigneur messire Anthoine de Roussillon, chevalier, son fils, seigneurs de Collonge-la-Magdeleine en partie, tiennent ladite seigneurie de Collonge en rièrefied de mondit seigneur (le duc de Bourgogne) et du fied de Coulches, en toute justice..."

- Noble homme Jehan de Fussy, escuier, seigneur en partie de Colonges, tient ladite seigneurie en rièrefied de mondit seigneur et du fied de Coulches en toute justice..."

- "Noble demoiselle Anthoine de Cressey, dame de Marcey et de Colonges-la-Magdeleine en partie, tient en son nom comme au nom de ses enfants, en rièrefied de mondit seigneur et du fied de Coulches, partie de Colonges en toute justice..."(G. Dumay, Etat militaire et féodal).

La seigneurie de Collonge-la-Madeleine, partagée entre plusieurs seigneurs au XVe siècle, formait, avec Tintry en partie (car Tintry était également partagé) un fief mouvant de la châtellenie de Couches.

Au registre des aveux et dénombrements donnés en 1503 devant les baillis d'Autun et de Montcenis, "noble dame Marguerite de Saint-Seigne, Hugues de Staulcourt, écuyer, à cause de Loyse de Rossillon, sa femme, et Loyse de Rossillon fille de ladite dame Marguerite, déclarent tenir la terre de Collonges-la-Madeleine en toute justice, en fief de M. d'Aulmont, à cause de son châtel de Couches et en arrière-fief du Roy, en laquelle terre a une salle contenant environ un chas". On ne trouve toujours aucune mention d'une motte ou maison forte, et pourtant il est fort probable, étant donné les structures encore visibles, que celle-ci existait bien avant l'apparition de la famille Ailleboust qui lui donna son nom au XVIe siècle et qui a peut-être fait reconstruire sur la motte la maison en pierres dont on trouve les ruines aujourd'hui.

Pierre Ailleboust, médecin de François 1er, décédé en 1531, avait de son épouse, Pierrette de Séez, six fils et une fille, parmi lesquels André, mari d'Odette Rolet, était seigneur de Collonge-la-Madeleine, et Charles, chanoine de Saint-Lazare, devint évêque d'Autun de 1574 à sa mort, en 1585. Comment André Ailleboust devint-il seigneur de Collonge-la-Madeleine ? Probablement par sa mère, car, en 1553, Pierrette de Seez, veuve de noble Pierre Ailleboust, est qualifiée dans une vente de dame de Messey et de Collonges-la-Madeleine. En 1622, Antoine Pigenat est dit seigneur de Collonge-la-Madeleine,.dans un acte passé devant Pierre Armet, notaire royal. Il avait épousé Jeanne Ailleboust, fille d'André Ailleboust. De la même étude notariale, on trouve au 27 avril 1673 les actes des jours de justice de Collonge-la-Madeleine, pour "Messire Goureau, avocat au Parlement, seigneur en partie de Collonge, de la part d'Allibout". (H. Abord, Histoire de la Réforme). Collonge-la-Madeleine entra ensuite dans la dépendance d'Epiry. En 1674, Catherine de Sommières, veuve de Claude de la Madeleine, est dame de Collonge en partie. Le 31.12.1749, François de la Madeleine, chevalier, baron d'Epiry, obtient du roi des lettres patentes pour la confection d'un terrier de Collonge. En 1789, Gabriel-Marie de la Grange, Trésorier de France, était seigneur de Collonge-la-Madeleine.

Bibliographie

C.S.F, 42e.session Autun, 1876, t II, p. 4 et 5

R. Gadant, Notes sur les haches de l'époque du bronze, CPF, 1907, p. 823 et MSE, XXXV,1907, p. 356

H. Abord, Histoire de la Réforme et de la Ligue, I, 1855, p. 451, note 1

abbé Preux, St-Emiland - Epiry, B.S.E., M45

G. Dumay, Etat militaire et féodal... en 1474, MSE, XI, 1882, p. 159 et 162

P. Muguet, Le Prieuré du Val-Saint-Benoit, MSE, XXXVI, 1908, p. 243, MSE, XXXVIII, 1910 p. 193

Cadastre 1844

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© Roland Niaux, 2008

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